Résumé : Le pemmican, le biscuit de mer, le fruit de l’arbre à pain, le chou palmiste, les fruits exotiques, goyave, mangue, noix de cajou des Indes, nous les avons dégustés en rêve, après nos lectures enfantines, et leur saveur dépassait de loin leur goût réel. Car ces nourritures avaient une qualité qui ne se trouve pas dans leur composition chimique, et qui les paraît de tous les prestiges de l’aventure : c’étaient des nourritures imaginaires. Inversement, ce que nous mangeons – savourons – dévorons, nourrit tout autant l’imaginaire que le corps, et les relie d’ailleurs au plus profond, au plus secret de nous-mêmes. Que la nourriture soit pain divin, partage convivial ou plaisir solitaire, son utilisation dépasse de beaucoup sa matérialité. Sa représentation littéraire et picturale, si abondante en France, ce qui ne saurait étonner, abolit pourtant les frontières et relativise les réputations. Car la nourriture est essentielle à l’homme en général : il ne vit pas seulement de pain, mais ce pain est aussi le signe de ses angoisses autant que des plaisirs des sens. La gourmandise, péché si pardonnable et si facilement pardonné, comme la boulimie ou l’anorexie, le cannibalisme rituel autant que les habitudes alimentaires locales, étudiés dans la perspective de l’imaginaire, donnent à la nourriture un statut symbolique qui réserve bien des surprises, et enrichit, acte primaire et sacré, réel et imaginaire.
Simone Vierne est professeur émérite de l’université Stendhal. Elle a consacré une bonne part de son œuvre critique à Jules Verne et à George Sand, et dirigé le Centre de Recherches sur l’Imaginaire de Grenoble.
Compléments
Caractéristiques techniques
Editeur : PUG
Auteur(s) : Simone Vierne
Collection : Littérature française - textes et critiques