Se soigner, se doper, se droguer : y a-t-il encore une limite ? La pratique intensive du sport expose les athlètes au risque de blessure et à des douleurs. Apprendre à gérer ces douleurs physiques et morales fait partie intégrante de la carrière des sportifs de haut niveau. Pour les faire disparaître, les atténuer, les soulager ou les contrôler, les jeunes athlètes sont conduits à consommer des antalgiques, à recourir à des traitements multiples et variés, mettant en danger leur santé. Ces pratiques se situent à la frontière entre le thérapeutique et le dopage. Cet ouvrage, basé sur des récits de jeunes sportifs, de leur entourage (parents, staff, médecins) et d’athlètes de haut niveau s’intéresse aux normes de santé que les sportifs transgressent, à leur perception de la douleur. Il se penche aussi sur leurs parcours de soins et leurs pratiques thérapeutiques, les risques qu’ils prennent et qu’on leur autorise à prendre au nom du sport et de la performance. Il propose une réflexion renouvelée sur l’entrée dans le dopage et éclaire un phénomène émergeant : la consommation de médicaments antidouleur et des pratiques de Mental training dans le sport intensif.
Frédéric Mougeot est sociologue, membre du Centre Max-Weber UMR 5283 CNRS, Université Lyon 2.
Compte-rendu
"L'originalité de cet ouvrage réside dans la manière dont la douleur dans le sport est traitée. Thomas Bujeon et Frédéric Mougeot n'abordent pas que les médicaments absorbés pour vaincre le mal, ils mettent également l'accent sur les techniques d'investissement du mental pour "faire avec". Un éclairage nouveau sur la performance sportive du point de vue de la pratique, à l'évolution des frontières entre normal et pathologique ; soin et amélioration ; mondes des sports, de la médecin et des drogues."
"Il s’intéresse aux normes de santé que les sportifs transgressent, à leur perception de la douleur considérée comme le signe de la performance ou du dépassement de soi. Le livre se penche aussi sur leurs parcours de soins et leurs pratiques thérapeutiques, les risques qu’ils prennent et qu’on leur autorise à prendre au nom du sport et de la performance."
Médecine30 mai 2018
Compte-rendu
"Au fil des témoignages, on réalise alors à quel point le mythe du «no pain, no gain» imprègne encore les mentalités et contribue à faire de la douleur une partie intégrante, voire recherchée dans la vie du sportif, car elle est perçue par lui comme une preuve de son implication. Très tôt, dès l’adolescence parfois, on ne cherche plus à s’en débarrasser, mais à la «gérer» comme un nécessaire impondérable. Le corps perclus devient la norme et témoigne de l’aptitude à supporter la douleur. Cette capacité devient la mission prioritairement assignée à la médecine, sans se soucier de guérison réelle. De leur approche originale de ce terrain connu, Thomas Bujon et Frédéric Mougeot tirent un enseignement qui nous paraissait hâtif en première lecture. «La réussite ou l’échec d’une carrière sportive […] est moins conditionnée par les résultats obtenus […] que par le contrôle quotidien des douleurs.» Formulée en début de propos (page 26), cette hypothèse paraît bien moins spéculative une fois le livre refermé."
Sport & vie14 mai 2018
Dans la douleur
"Tout comme l’on va parfois au travail en étant malade mais en se bourrant de médicaments pour tenir, combien de sportifs de haut niveau jouent blessés ou en repoussant de quelque manière que ce soit le seuil de la douleur ? C’est à cette réalité aux antipodes du sport plaisir et du sport-santé prônés par l’Ufolep que ce sont intéressés deux sociologues. Nourri de nombreux témoignages, leur ouvrage entend renouveler la réflexion sur « l’entrée dans le dopage » et éclairer ce « phénomène émergeant » : la consommation de médicaments antidouleur et le développement des pratiques d’« entraînement mental » dans le sport intensif."
En jeu, une autre idée du sport19 mars 2018
Compte-rendu
"Un petit livre très riche (...) qui intéressera tous ceux qui se posent la question de l'utilisation juste du médicament en général, des antalgiques en particulier, chez le sujet sportif ou non."
A une douce époque où le moindre village de basse montagne s’auto-proclame « station de trail », et le moindre bas quartier convertit une remise en salle de forme (ou bien l’inverse), voici un écrit d’universitaire qui pose les bonnes questions, là où cela fait mal.
Et qui donne certaines réponses qui peuvent faire du bien :
Patior, ergo sum ? Je gobe des médocs, donc je peux poursuivre (ma quête) ?
A voir… Mais surtout, à lire !"
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