La conception portée par les Modernes est, à bien des égards, paradoxale : elle institue un hiatus entre humains et non‑humains, elle oppose l’esprit scientifique aux croyances, elle érige l’homme en ordonnateur d’une nature qu’elle réifie et qu’elle constitue en réservoir de ressources à exploiter. À rebours, ce numéro hors série propose d’aborder la question suivante : à quelles conditions – politiques, juridiques et morales – les humains peuvent‑ils établir un type nouveau de relations avec les entités naturelles (les animaux, les plantes, les océans, l’atmosphère, etc.), les entités artificielles (robots, hologrammes, etc.) et les êtres de croyance (esprits, extraterrestres, etc.) ?
Dossier coordonné et présenté par Pierre Lagrange et Philippe Le Guern
SOMMAIRE
• Introduction du dossier Les soulèvements des non‑humains Pierre Lagrange et Philippe Le Guern
• Ces non‑humains qui résistent à la sociologie symétrique. L’épreuve des soucoupes volantes Pierre Lagrange
• Peut‑on ne pas être naturaliste ? Du traitement des non‑humains surnaturels par quelques anthropologues « classiques » Fanny Charrasse
• Modalités d’interpellation d’êtres non‑humains en contexte plurithérapeutique à Yaoundé (Cameroun) Fernand Idriss Mintoogue
• Quelle est la nature de la nature ? Non‑humains, cosmovisions et cosmopolitiques Philippe Le Guern
• Après la nature. Le tournant du vivant et ses conséquences politiques Krystel Wanneau, Éric Fabri et Virginie Arantes
• Le moulin et l’oiseau. Une fable de la transition énergétique allemande Bastien Fond et Reiner Keller
• Le paradigme de la scie. Ce que le braconnage d’un fauteuil roulant révèle de la relation des corps handicapés aux aides techniques Amélie Tehel
• Vivre avec des monstres géants au quotidien. La problématique kaijû dans l’imaginaire japonais contemporain Karim Charredib
Stéphane Olivesi est professeur en sciences de l’information et de la communication. Il enseigne dans le cadre de la Faculté de droit et de science politique de l’Université Versailles Saint-Quentin (Paris-Saclay) et développe ses travaux de recherche au sein du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines.