« Nous sommes à n’en pas douter à un point de bascule de l’histoire. Une civilisation s’incline, une autre se lève… Nous sommes dans une de ces époques, où la lettre est à départager de l’esprit, chaque valeur éternelle à reprendre dans sa pureté pour assurer, sans précipitation, son entrée dans une nouvelle chair. » Lorsque, en mars 1933, E. Mounier écrivait cela, bien peu admettaient être à l’un de ces seuils de l’histoire ou à travers le pourrissement d’une civilisation s’affirment les signes d’une civilisation nouvelle. La crise de civilisation se poursuit avec sont cortège de pauvreté, de chômage, de dévalorisations humaines, de destructions du milieu de vie, de règne de l’argent.
L’ouvrage de H. Bartoli ne se limite pas à un constat interdisant au capitalisme « victorieux » tout triomphalisme. Il procède à un retour aux fondamentaux, en un temps où l’ampleur des enjeux et la complexité du monde et de ses représentations révèlent toujours plus l’inutilité sociale d’une pensée économique « orthodoxe » oublieuse de son objet et manipulée sans scrupule dans les mêlées politiques les plus confuses. Multidimensionnelle, complexe, indissociable de l’éthique, l’économie n’a pas pour but premier de produire des biens et des services, d’accumuler des capitaux, de réaliser des profits, mais, œuvre de Vie, de servir la Vie, et la conquête par l’espèce humaine de son statut d’humanité dans un monde qu’elle découvre et invente en même temps qu’elle se découvre et s’invente elle-même.
À une « crise » de civilisation, il n’est de réponse que par une politique générale de civilisation. H. Bartoli en pose les bases économiques : intégration de l’économique et du social, gouvernabilité des économies nationales et de l’économie monde, obtention de consentements premiers capables de donner forme et contenu à l’œuvre de création collective.
Henri Bartoli, après avoir été professeur aux facultés de droit et de sciences économiques de Grenoble, puis de Paris, et ensuite à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, préside le Centre français de la société européenne de culture.