Enseignants et étudiants en master (M1, M2) et doctorants en institut de formation soins infirmiers, en institut de formation de travailleurs sociaux, en école de kinésithérapie, en école d’ergothérapie, enseignants-chercheurs en STAPS et en sociologie de la santé. Egalement tout le réseau des professionnels du thème (infirmiers, éducateurs spécialisés, rééducateurs, kinésithérapeute, etc.).
Résumé :
L’accident provoque un changement corporel brutal, qui rompt avec la transformation corporelle ordinaire, toute en continuité et en fluidité. Le corps est soudainement vulnérable, ébranlé par une transformation radicale, à savoir : l’avènement d’un nouveau potentiel corporel.
Ce « nouveau » corps ne se résume pas à un donné biologique naturel et premier, complet et définitif, et dans ce cas irrémédiable. Il va s’agir de le rééduquer. Ainsi, ce potentiel corporel va être l’objet d’un formatage dans le cadre de soins et d’une vie en collectivité, d’une transmission de techniques du corps par les soignants et les rééducateurs, d’une conformation sous l’influence des pairs, d’une sémantisation collective et progressive.
L’expérience corporelle de l’homme blessé se développe en interaction avec son environnement humain, matériel, technologique, social et culturel. Le changement corporel ne trouve pas immédiatement sens au sortir du coma : le réseau sémantique qui permettait jusqu’alors l’interprétation des signaux corporels se révèle progressivement caduque.
Au fil de l’analyse sociologique, le handicap se révélera le fruit d’apprentissages, le produit d’une socialisation. Et si la chair impose ses contraintes objectives, les significations intériorisées et mises en acte par l’individu, ses pairs et les professionnels de santé soumettent en retour la matière corporelle à leur dictat. Au fur et à mesure de la sémantisation de l’expérience du corps blessé, la matière organique se transforme, et le blessé, d’accidenté devient handicapé.
Ève Gardien est maître de conférences en sociologie à l’université Rennes2, chercheure au laboratoire ESO (UMR 6590). Elle s’intéresse à diverses questions portant sur les situations de handicap depuis une dizaine d’années déjà. Parmi ces thématiques abordées : l’apprentissage du corps après l’accident, les innovations sociales par et pour les personnes en situation de handicap, l’accompagnement par les pairs, l’autoreprésentation, les aides humaines, l’aménagement de l’habitat, l’intimité partagée par nécessité, l’inclusion.